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Brèves
Hiver 54 : déjà 50 ans
!
"Hiver 54" : un événement
largement médiatisé et connu de toutes et tous : celui du fameux
appel lancé à la radio par le non moins fameux Abbé Pierre,
pour faire face à une situation de détresse. L'hiver 54 a été
l'un des hiver le plus rigoureux du 20ème siècle : -25°c
en Corrèze, des glaçons flottaient dans le port de Marseille
Les milliers de gens qui vivaient dans des situations précaires souffrirent
atrocement du froid. Certaines familles vivaient dans des carcasses de voitures,
parfois recouvertes de feuilles de carton goudronné en guise d'isolant.
D'autres se chauffaient avec de l'alcool à brûler mis à
flamber dans des cuvettes. Une première victime : un bébé,
la famille vivait dans une camionnette. Puis une seconde : une vieille femme
"à la rue" (aujourd'hui on dirait : "SDF").
L'appel de l'abbé Pierre a permis de récolter en un temps records
couvertures, vêtements chauds, appareils de chauffages, tentes
Plus de 40 000 familles ont été mises "à l'abri"
en un an, notamment grâce à la construction de "cités
d'urgence". La fondation de la communauté d'Emmaüs a
contribué à donner des moyens de vivre à des milliers
de personnes.
50 ans ce sont donc écoulés depuis l'hiver 54.
Chaque hiver, en France, les media ont pris le relais de l'Abbé Pierre
et annoncent simplement "l'hiver a tué". On écoute
d'une oreille distraite, la municipalité parisienne ne va pas tarder
à ouvrir quelques stations de métro désafectée
la nuit pour les SDF. L'attention se porte davantage sur "l'affaire
du voile", un accident spectaculaire ou quelque scandale frauduleux,
actualités tonitruantes pour masquer une réalité sociale
en chute libre. La paupérisation reprend de la vigueur en France ;
les mal-logé-e-s, les sans-logis, les laissé-e-s-pour-compte,
les "bas salaires", les sans-papier et les expulsables en
tous genre d'un système de moins en moins social augmentent de façon
signifiante et se comptent en centaine de milliers. Les Restos du C¦ur, Secours
Populaire, Armée du Salut, associations caritatives et foyers en tous
genres sont pris d'assauts. "L'hiver a tué", mais
en réalité ce ne sont ni les hivers ni le froid qui tuent :
ce sont des politiques sociales irresponsables et indifférentes, au
service de la spéculation immobilière, qui engendrent des situations
de détresse et laissent des gens littéralement à la rue.
La différence entre aujourd'hui et l'hiver 54, c'est qu'en ce début
de 21ème siècle, nous sommes au courant de la situation
Si le dit "Tiers monde" peut être celui de la pauvreté
mais pas forcément celui de la misère, le "Quart monde"
représente par contre bien la misère à nos portes. Qu'on
lutte contre la misère, en France ou ailleurs, en 1954 ou en 2004,
c'est le même combat qui continue et qui se renouvelle. Tout comme l'appel
de l'Abbé Pierre.
Vaulx-en-Velin, un jour d'octobre
2002, à l'entrée du bidonville où 400 Rroms
"vivent" depuis plusieurs mois [
].
Les familles vivent dans des épaves de caravanes ou dans des cabanes
faites de matériaux récupérés alentour. [
]
De janvier à août 2003 [en France], 25 082 étrangers en
situation irrégulière ont fait l'objet d'une mesure d'éloignement.
Source : Agenda 2004 : nous ne traversons
pas les frontières
les frontières nous traversent.
Co-publié par la librairie Scrupules et Carobella ex-natura.
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