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Brèves
Bhopal : déjà 20 ans !
Bhopal : une histoire
qui commence apparemment bien. Une société américaine,
Union Carbite, délocalise une entreprise en Inde à une centaine
de km au sud de Delhi. Les Indien-ne-s apprennent de la bouche des Américain-ne-s
que cette société fabrique "des médicaments pour
soigner les plantes malades" (en fait, des pesticides et des insecticides).
Union Carbite recrute à tour de bras et attire beaucoup de familles
indiennes pauvres, qui trouvent là enfin du travail. Les employé-e-s
sont surtout des basses castes ou des hors castes (Indien-ne-s non hindouistes).
Personne ne pose de question, même si les énormes quantités
de produits chimiques brassées dans l'usine sont inquiétantes
Tout va bien jusqu'au jour où, dans la nuit du 2 au 3 décembre
1984, un réservoir de produits chimiques se met à chauffer.
Les vannes de refroidissement sont coupées depuis 6 mois, tout comme
l'ensemble du système de sécurité, par mesure d'économie.
Ça chauffe tellement que le réservoir se fissure et finit par exploser.
40 tonnes de produit hautement toxique (principalement du méthylisocyanate)
se répandent dans les villages au pied de l'usine.
3 000 personnes meurent intoxiquées la nuit même.
Le 4 décembre, le dirigeant américain de Union Carbite, Warren
Anderson, se rend sur les lieux du drame. Il est arrêté par la
police indienne et incarcéré, mais par la pression américaine
il est rapidement libéré. Un avion privé le ramène
aux USA et il ne remettra jamais les pieds à Bhopal. Il n'a jamais
été inquiété ni jugé. Un hôpital
local, payé par l'entreprise, ne compense pas le manque de justice.
De décembre 1984 à 1992, 554 911 personnes seront officiellement
reconnues blessées. Elles toucheront chacune une indemnité de
500$ de Union Carbite.
Dans la même période, il y a eu 22 146 demandes officielles de
reconnaissances de décès. Les chiffres officieux s'élèvent
à 31 000 victimes. 300 000 personnes supplémentaires déclarent
souffrir d'effets secondaires. Ces victimes officieuses n'ont jamais reçu
de dédommagements. Bhopal peut être largement considéré
comme étant la pire catastrophe chimique du siècle.
En 1989, des femmes de Bhopal organisent une marche jusque Delhi pour tenter
de faire entendre leurs droits ; elles parcourent plus de 100km, souvent avec
des enfants en bas âges... peine perdue.
En 1992, les autorités indiennes arrêtent de recenser les personnes
qui déclarent des maladies ou meurent suite aux conséquences
de l'accident. Les effets à long terme ne seront donc pas connus. De
plus, Union Carbite a toujours refusé de donner aux autorités
indiennes le contenu exact du produit chimique qui a explosé : "secret
industriel" !
20 ans plus tard, Bhopal continue à souffrir de la politique criminelle
d'Union Carbite : après l'accident le site a été purement
et simplement abandonné et n'a jamais été décontaminé.
Des animaux paissent et des enfants jouent au milieu de fûts encore
remplis de produits chimiques, parfois certains chauffent un peu avec les
chaleurs écrasantes de la plaine indienne
Qui s'en inquiète
?
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