Journal 3, hiver 2003-2004
éditorial
l'esprit de Tsampa équita : les parrainages
une école végétarienne
carnets en papier recyclé du TWO
encens tibétains
projet "turbine en Himalaya"
bilan fiancier année 2003
projets & autres activités de l'association
livre : "la Guerre de l'eau"
livre sur l'histoire du Tibet : un projet toujours d'actualité !
• Bhopal : déjà 20 ans !
hiver 54 : déjà 50 ans !
brèves


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5,3Mo

Brèves
Bhopal : déjà 20 ans !

Bhopal : une histoire qui commence apparemment bien. Une société américaine, Union Carbite, délocalise une entreprise en Inde à une centaine de km au sud de Delhi. Les Indien-ne-s apprennent de la bouche des Américain-ne-s que cette société fabrique "des médicaments pour soigner les plantes malades" (en fait, des pesticides et des insecticides). Union Carbite recrute à tour de bras et attire beaucoup de familles indiennes pauvres, qui trouvent là enfin du travail. Les employé-e-s sont surtout des basses castes ou des hors castes (Indien-ne-s non hindouistes). Personne ne pose de question, même si les énormes quantités de produits chimiques brassées dans l'usine sont inquiétantes…
Tout va bien jusqu'au jour où, dans la nuit du 2 au 3 décembre 1984, un réservoir de produits chimiques se met à chauffer. Les vannes de refroidissement sont coupées depuis 6 mois, tout comme l'ensemble du système de sécurité, par mesure d'économie. Ça chauffe tellement que le réservoir se fissure et finit par exploser. 40 tonnes de produit hautement toxique (principalement du méthylisocyanate) se répandent dans les villages au pied de l'usine.
3 000 personnes meurent intoxiquées la nuit même.
Le 4 décembre, le dirigeant américain de Union Carbite, Warren Anderson, se rend sur les lieux du drame. Il est arrêté par la police indienne et incarcéré, mais par la pression américaine il est rapidement libéré. Un avion privé le ramène aux USA et il ne remettra jamais les pieds à Bhopal. Il n'a jamais été inquiété ni jugé. Un hôpital local, payé par l'entreprise, ne compense pas le manque de justice.
De décembre 1984 à 1992, 554 911 personnes seront officiellement reconnues blessées. Elles toucheront chacune une indemnité de 500$ de Union Carbite.
Dans la même période, il y a eu 22 146 demandes officielles de reconnaissances de décès. Les chiffres officieux s'élèvent à 31 000 victimes. 300 000 personnes supplémentaires déclarent souffrir d'effets secondaires. Ces victimes officieuses n'ont jamais reçu de dédommagements. Bhopal peut être largement considéré comme étant la pire catastrophe chimique du siècle.
En 1989, des femmes de Bhopal organisent une marche jusque Delhi pour tenter de faire entendre leurs droits ; elles parcourent plus de 100km, souvent avec des enfants en bas âges... peine perdue.
En 1992, les autorités indiennes arrêtent de recenser les personnes qui déclarent des maladies ou meurent suite aux conséquences de l'accident. Les effets à long terme ne seront donc pas connus. De plus, Union Carbite a toujours refusé de donner aux autorités indiennes le contenu exact du produit chimique qui a explosé : "secret industriel" !
20 ans plus tard, Bhopal continue à souffrir de la politique criminelle d'Union Carbite : après l'accident le site a été purement et simplement abandonné et n'a jamais été décontaminé. Des animaux paissent et des enfants jouent au milieu de fûts encore remplis de produits chimiques, parfois certains chauffent un peu avec les chaleurs écrasantes de la plaine indienne… Qui s'en inquiète ? …