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Le
TWO (Tibetan Welfare Office),
présentation et activités
Le
Tibetan Welfare Office si situe à Macleod Ganj Macleod Ganj, qui
appartient à la commune de Dharamsala en Himalaya indien (État
de l'Himachal Pradesh). Cette commune abrite depuis 1960 le Dalaï
Lama et le gouvernement tibétain. Celui-ci est en exil depuis l'invasion
du Tibet par la Chine (1959). Les réfugiés tibétains
y vivent essentiellement grâce aux parrainages et au tourisme, notamment
par la vente de produits traditionnels tibétains (encens, artisanat,
objets religieux bouddhistes) ou par des restaurants. Mais les milliers
de touristes présents chaque mois dans la ville ont par ailleurs
largement contribué à dégrader l'environnement, autant
par leurs comportements que par la " promotion " de
la société de consommation dont ils véhiculent l'image :
les déchets ménagers sont aujourd'hui omniprésents,
l'eau est contaminée par la pollution, la déforestation
et l'érosion gagnent du terrain, la drogue et l'alcool font leur
apparition
La problématique des déchets est très récente
en Inde. Le gouvernement indien n'a peut-être pas encore pu, ou
su, y répondre : rien n'existe, à l'exception d'immenses
bennes en métal jaunes, irrégulièrement vidées
et jamais nettoyées. Situées en périphérie
des villes elles sont à disposition des habitants, mais aussi des
vaches, des chiens, des singes et de milliers de mouches. Dans les villages
de la taille de Tabo, ces bennes ne sont même
pas présentes. Mais nous ne devons pas oublier que l'arrivée
massive du plastique en Inde date seulement des années 80, époque
à laquelle la course à l'occidentalisation s'est accrue.
Auparavant, le thé était par exemple servi dans des godets
en terre cuite, qui pouvaient être jetés sans danger par
terre. Aujourd'hui, les gobelets en plastique sont toujours jetés
partout, mais maintenant ils polluent. Le plastique a submergé
l'Inde comme il l'a fait en Occident, ruinant des milliers de potiers
qui ont fait faillites. Les habitudes alimentaires changent ; comme nous,
les Indiens consomment des biscuits, du chocolat, du lait en poudre, des
chips, du sodas, des gadgets, des piles
et emmènent le tout
dans des sacs en plastique. Puis, à défaut de structure
adapté, tout est rejeté à la rue et dans des décharges
sauvages.
C'est
pour ces raisons qu'en 1994 a été créé le
TWO : pour répondre à ce problème de déchets
et promouvoir des produits respectueux de l'environnement, tout en créant
de l'emploi. Ce centre lutte sans relâche depuis 9 ans pour informer
localement sur les risques encourus via les déchets ménagers
et proposer des solutions.
Aujourd'hui, le TWO compte une trentaine de personnes salariées
; 90% sont d'origine tibétaine : en effet, les réfugiés
Tibétains, très souvent d'origine rurale, ne possèdent
pas de terre en exil et sont gravement confrontés au problème
du chômage. Leur situation est d'autant plus difficile qu'ils ne
maîtrisent pas la langue indienne locale, le hindi, et qu'ils sont de
culture différente. Des Tibétains particulièrement
en difficulté sociale travaillent à l'atelier papier recyclé.
Le
TWO fonctionne actuellement entièrement des recettes dégagées
par la vente des produits en papier recyclé et des déchets
recyclables. La fabrication actuelle du papier laisse un espace à
la créativité des travailleurs (coloris, décorations,
fermoirs, etc.) qui est intéressante et valorisante.
En
plus de l'atelier, le TWO informe, collecte et trie les déchets
de la ville pour les vendre aux centres de traitement appropriés.
Plus de 20 000 tonnes de déchets transitent chaque année
par ce centre. Des poubelles sélectives ont été mises
en place dans les rues, et les habitants sont sollicités pour trier
leurs déchets dès leur domicile : six jours par semaine,
des " Green Workers " (éboueurs verts) du TWO effectuent
le ramassage à domicile des déchets secs.
Dès
1995, l'atelier papier recyclé se met en place. Certains déchets
récupérés lors du tri sélectif (papiers, cartons,
vêtements de cotons) sont transformés mécaniquement
en papier, puis en produits finis sous forme de feuilles de correspondance
A4, d'enveloppes et de carnets portant le tampon
du TWO. Les enveloppes sont l'article qui se vendent le moins bien. Ces
produits sont aujourd'hui remarquables par leur qualité et leur
diversité. Même si l'atelier est aujourd'hui entièrement
mécanisée, leur fabrication reste très artisanale.
Spacieux, lumineux, convenablement équipé en machine, l'atelier
de fabrication compte en général cinq travailleurs sous
la direction du chef d'atelier. L'atelier reliure compte lui aussi environ
cinq salariés. Les horaires correspondent à des horaires
de bureau, du lundi au vendredi.
En parallèle de l'atelier, le TWO a aussi développé
une petite bibliothèque et un centre d'éducation à
l'environnement ouvert aux écoles, aux adultes et à toute
personne intéressée (dont les touristes). Largement illustré
de panneaux pédagogiques, ce centre propose des formations et de
l'information sur les déchets, les pollutions engendrées
par ceux-ci, le recyclage, mais aussi la faune et les écosystèmes
locaux, ainsi que les problématiques liées à la santé.
Une boutique (le " Green Shop ") permet de vendre les articles
en papier recyclé, des produits biodégradables, de l'encens
et de l'eau filtrée dans des bouteilles réutilisées
à un prix moindre (l'eau filtrée est revendue Rs.6 au TWO
tandis qu'une bouteille coûte Rs.12), et possède un point de récupération
des piles usagées.
Enfin, le TWO organise souvent des conférences et des fêtes
publiques afin de mieux sensibiliser la population à la problématique
des déchets et sur l'environnement. Ces manifestations sont l'occasion
de distribuer des tracts, mais ceux-ci sont rédigés en tibétain
et en anglais, non en hindi.
Spatialement, l'atelier et le centre écologique sont situés
au centre de Macleod Ganj ; le centre de tri des déchets secs
est en contrebas à l'extérieure de la ville, et la décharge
publique des déchets organiques est à proximité de
la ville de Dharamsala (env. 15km). Les conditions de travail au TWO sont
bonnes et les horaires respectés, malheureu-sement quelques normes
de sécurité et d'hygiène ne sont pas respectées
au niveau de la collecte et du tri des déchets : travail sans
gant ou avec des gants inadaptés (en laine), pas de masque, chaussures
inadaptées
À l'atelier papier recyclé, les ouvriers
portent des gants imperméables en caoutchouc, ce qui est suffisant
(travail au contact de l'eau). Le développement économique
du TWO pourra également lui permettre d'investir dans ces équipements
indispensables, voire de permettre l'embauche de quelques autres personnes,
en difficulté sociale ou non.
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